À lire aussi : La désaffection des études scientifiques et le papy-boom ne concernent pas l’informatique
ÉVALUATION DU NOMBRE ANNUEL DE JEUNES DIPLÔMÉS EN STIC :
Les statistiques dans ce domaine proviennent toutes de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l’Éducation Nationale.
1ʳᵉ source : enquête “Résultats, diplômes, insertion” 2012 de la DEPP
Diplômés bac+2 :
- BTS : 4185 diplômés en 2011 (page 253)
BTS concernés : Services Informatiques aux Organisations (SIO) et Informatique et Réseaux pour l’Industrie et les Services techniques (IRIS) - DUT : 8680 diplômés en 2010 (page 255)
DUT concernés : Informatique (3174) + Services & Réseaux de Communication (1276) + Statistiques & Traitement Informatique des Données (452) + Réseaux & Télécoms (992) + Génie Électrique & Informatique Industrielle (2786)
2ᵉ source : étude “Emploi et formation dans les métiers des Technologies de l’Information et de la Communication (STIC)” de l’association Pascaline (se base également sur les données de la DEPP)
Diplômés bac+3 à bac+5 en 2005 :
- Licences professionnelles : 2662 (page 28)
- Licences générales en informatique : 2799 (page 29)
(les diplômés de licences générales n’ont toutefois pas vocation à s’insérer sur le marché du travail à l’issue de leur formation, mais à poursuivre leurs études en Master ou École d’ingénieur) - Masters (dont Miage) : 4813 (page 36)
- Écoles d’ingénieurs : 7400 (page 34)
SOIT AU FINAL :
environ 12 865 dut/bts + 5461 licences + 4813 masters + 7400 diplômés d’écoles d’ingénieurs = environ 30 000 jeunes diplômés par an dans les STIC
MAIS :
– Une majorité de bac+2/bac+3 poursuivent leurs études (environ : 60% des bts et licences professionnelles, 80% des DUT et licences générales) : on ne conserve donc qu’une partie des bac+2/bac+3 dans les totaux ci-dessus, soit environ 4000 bac+2 et 2000 bac+3.
– Les chiffres concernant les bac+3 à bac+5 datent de 2005 : les chiffres actuels, qui sont malheureusement inconnus, sont certainement supérieurs étant donné la progression des étudiants dans ces filières. Dans les écoles d’ingénieurs notamment, contrairement à de “fausses rumeurs”, les effectifs ont connu une progression de 10% entre 2005 et 2009 (lire à ce sujet : 20 ans d’évolution des effectifs des écoles d’ingénieurs).
=> On peut donc estimer (avec une marge d’erreur de + ou – 10%) que ce sont AU MINIMUM 4000 bac+2 + 2000 bac+3 + 4800 masters + 7400 ingénieurs, SOIT AU MINIMUM 18 000 JEUNES DIPLÔMES en STIC, qui arrivent chaque année sur le marché du travail.
MAJ 16.04.2013 : notre estimation est corroborée à 2 ou 3 milliers près par celle du Syntec Numérique et de l’association Pasc@line.
Ainsi, selon le Syntec Numérique, le système éducatif produit autour de “16 000 ingénieurs informaticiens par an” (source : page 2 de cette présentation du 09.04.2013 au COE).
De même, selon l’association Pasc@line : “on compte 15.000 ingénieurs formés par an en France dans le secteur du numérique (ou des STIC Sciences et Techniques Informatique et Communication – Chiffres CEFI 2011 prenant en compte uniquement les écoles d’ingénieurs certifiées CTI – Commission des Titres d’Ingénieur). Ce chiffre est en progression constante et les 75 écoles d’enseignement supérieur, membres de l’Association Pasc@line ont toutes enregistré une augmentation de leurs effectifs aux concours d’entrée.” (source Dossier de presse 2013).
Commentaire : il semble que le Syntec Numérique et l’association Pasc@line voient des ingénieurs de partout… en réalité, les chiffres qu’ils annoncent ci-dessus ne correspondent pas uniquement aux “ingénieurs” mais à tous les diplômés en informatique…
ÉVALUATION DU BESOIN ANNUEL DE NOUVEAUX DIPLÔMÉS EN STIC :
Selon les statistiques publiques (Pôle-emploi), il y a chaque année en moyenne 10 500 créations nettes de postes dans les services informatiques (SSII + éditeurs + sociétés de conseil), qui englobent les 3/5 des effectifs d’informaticiens en France (soit environ 280 000).
À cela, il faut rajouter environ 5000 créations nettes de postes chez les utilisateurs (DSI, administrations, sociétés web et entreprises du numérique hors services IT…) : ces créations d’emplois ne sont pas quantifiées avec précision, mais rappelons une part que ces employeurs englobent les 2/5 des effectifs d’informaticiens en France (environ 250 000), d’autre part que ces emplois sont (hélas) toujours plus externalisés vers les prestataires de services…
Bien entendu, ces chiffres prennent en compte les sorties de nos professions (changements de métiers, départs à la retraite…) puisqu’ils correspondent à une évolution nette des effectifs.
=> Au final, on estime donc que le marché a besoin en moyenne, chaque année, de 15 000 nouveaux candidats formés aux métiers des STIC (ie. métiers IT).
MAJ 26.09.2012 : notre chiffrage est confirmé par la récente étude de la DARES (à lire : [Etude] Les créations d’emploi dans l’informatique en croissance modérée d’ici 2020) selon laquelle 154 000 nouveaux postes devraient créer dans les métiers IT (informatique et télécoms) entre 2010 et 2020… ce qui représente 15 400 créations d’emplois par an en moyenne.
SI L’ON COMPARE CETTE FOURCHETTE À LA PRÉCÉDENTE, NOUS CONSTATONS QUE LE NOMBRE DE JEUNES DIPLÔMÉS EN STIC ARRIVANT CHAQUE ANNÉE SUR NOTRE MARCHÉ DU TRAVAIL EST SUFFISANT À LUI SEUL POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DES ENTREPRISES.
De surcroît, si nous parlons de “nouveaux diplômés en STIC”, c’est parce qu’il n’y a pas que l’enseignement supérieur (formation initiale) qui forme des informaticiens, mais aussi la formation continue : plusieurs milliers de chômeurs sont formés chaque année à nos métiers à travers des formations professionnelles de moyenne ou longue durée, certifiantes ou diplômantes.
AU TOTAL, ON PEUT DONC CONCLURE QUE L’OFFRE DE FORMATION (INITIALE ET CONTINUE) EST LARGEMENT SUFFISANTE, TOUT AU MOINS EN VOLUMES, POUR SATISFAIRE AUX BESOINS DE MAIN D’ŒUVRE DANS LES STIC.
TOUTEFOIS, IL EXISTE UNE INADÉQUATION OFFRE/DEMANDE AUX NIVEAUX :
- OPÉRATIONNEL (SPÉCIALITÉS ET COMPÉTENCES RECHERCHÉES)
- NIVEAU DE QUALIFICATION (TROP DE BAC+2 ET PEUT-ÊTRE PAS ASSEZ D’INGÉNIEURS FORMES)Alors pourquoi donc (une partie de) nos employeurs, relayée notamment par le Syntec Numérique, s’insurge régulièrement contre le manque de diplômés en informatique et la “pénurie d’informaticiens” ?
Nous y avons largement répondu dans notre dossier : Les “difficultés de recrutement” en informatique et la “pénurie d’informaticiens” : entre mythe et réalités.
Les principales raisons des difficultés de recrutement dans l’IT sont :
- L’inadéquation des profils et des compétences (offre vs demande) qui résulte à la fois des caractéristiques structurelles de notre marché du travail (marché fortement diversifié, spécialisé et évolutif avec de très nombreuses qualifications différentes…) et du décalage entre l’offre de formation disponible et les compétences les plus recherchées par nos entreprises.
- Le culte du diplôme : 80% des recrutements d’informaticiens se font au niveau bac+4/5 contre 20% au niveau bac+2/3, ces derniers étant nettement plus nombreux que les premiers à connaître le chômage dans nos professions. Or, comme indiqué précédemment, l’enseignement supérieur forme un tiers de bac+2/3 pour deux tiers de bac+4/5 dans les filières STIC…
- Le jeunisme, modèle socio-économique du secteur : les employeurs du numérique recrutent majoritairement des débutants (70% de candidats ayant 0 à 6 ans d’expérience dont 26% de jeunes diplômés)… au détriment des candidats les plus expérimentés (seniors en particulier) qui sont nettement plus nombreux au chômage.
- Le déficit d’attractivité des SSII/SICT… qui constituent, en France, 70% des recrutements d’informaticiens.
- Le nombre croissant d’informaticiens se mettant à leur compte (freelance, portage salarial…), soit autant de candidats en moins pour les SSII
- La complexité croissante du sourcing dans la recherche des candidats (multiplicité des sources : nombreux jobboards, réseaux sociaux, communautés techniques…)
Pour le MUNCI, ce sont donc les pratiques de recrutement, la formation interne et la GPEC dans les entreprises du numérique qui doivent évoluer en priorité… il est inacceptable, en effet, que celles-ci (dans leur grande majorité) ne comptent plus que sur le vivier des jeunes “talents” issus de la formation initiale pour satisfaire leurs besoins en recrutements !
Un effort énorme est également à accomplir en faveur de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, car elle seule peut permettre d’adapter assez rapidement l’offre à la demande par des formations opérationnelles de courte ou moyenne durée, mais aussi par des formations de plus longue durée permettant, d’une part d’amener au niveau bac+4/bac+5 des informaticiens de niveau bac+2 (notamment par la professionnalisation et la VAE), d’autre part de former des chômeurs non-informaticiens à nos métiers.
Une autre raison est la suivante : tous les diplômés en STIC ne travaillent pas dans le numérique à l’issue de leurs études : certains bac+5 vont dans la finance, le conseil, le commercial, d’autres créent leur entreprise ou partent à l’international…
Il y a donc un problème d’attractivité de nos sociétés (secondairement de nos métiers) que le MUNCI signale depuis longtemps. Mais cela ne signifie pas pour autant que le nombre annuel de diplômés en STIC soit insuffisant !
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Enthousiaste de high-tech et de vidéos, Clara partage des guides et des critiques éclairés sur les dernières avancées.