Paris est redevenue l’épicentre du débat sur la souveraineté numérique lorsque, lors de l’ouverture de VivaTech 2025, Jensen Huang, fondateur de Nvidia, a assuré que la puissance de calcul dédiée à l’intelligence artificielle sur le continent serait multipliée par dix en seulement deux ans.
L’objectif est de réduire la dépendance envers les centres de données basés aux États‑Unis et en Asie, tout en préparant le terrain pour des secteurs qui exploitent déjà massivement les GPU, comme le divertissement en ligne et les services financiers alimentés par l’IA.
Cette initiative répond à un constat officiel, le Vieux Continent ne dispose que d’un peu moins de 5 % de la capacité mondiale de calcul, alors qu’il absorbe environ 20 % de la demande, selon une note de l’Élysée diffusée avant l’événement.
Pourquoi l’Europe est devenue prioritaire sur l’échiquier de l’IA
L’alerte sur le manque de GPU n’est pas nouvelle, mais elle a pris une dimension politique lorsque le président Emmanuel Macron a fait de la souveraineté numérique un axe stratégique et a invité Huang sur la scène principale de VivaTech pour conclure de nouveaux accords.
Avec le programme TechEU, la promesse est de décupler la puissance de calcul d’ici 2027 et d’appuyer, entre autres, 20 usines d’IA réparties dans 7 pays ainsi que des lignes de financement européennes dédiées à l’infrastructure et à la formation de main‑d’œuvre spécialisée.
Pour les opérateurs d’iGaming, cette course au silicium va bien au‑delà des enjeux macroéconomiques. Les plateformes de casino en ligne reposent sur le rendu 3D en temps réel et sur des algorithmes de personnalisation qui nécessitent des centaines de GPU fonctionnant en parallèle.
Les nouvelles plateformes de jeu qui arrivent sur le marché se lancent dans une compétition acharnée pour attirer les joueurs français. La qualité graphique, l’adaptabilité et divers paramètres technologiques jouent un rôle déterminant (source https://www.cardplayer.com/fr/casino-en-ligne/nouveau-casino-en-ligne).
Sans surprise, la demande d’expériences de jeu immersif a progressé de concert avec le chiffre d’affaires des jeux d’argent en ligne en France, qui a atteint 14 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 4,7 % par rapport à l’année précédente, selon l’Autorité nationale des jeux (ANJ).
Annonces majeures faites à VivaTech 2025

Au cœur de ce projet se trouve Mistral Compute, une plateforme cloud qui regroupera dès 2025 18 000 superpuces Blackwell de Nvidia, entièrement hébergées sur le sol français.
Né d’un partenariat avec la start‑up parisienne Mistral AI, le projet a été salué par Emmanuel Macron lui‑même comme une alliance historique susceptible de placer la France à l’avant‑garde mondiale de l’IA générative.
Jensen Huang a par ailleurs confirmé que la capacité européenne en IA sera multipliée par dix en vingt‑quatre mois, ouvrant la voie à de nouveaux centres de données verts dotés de systèmes de refroidissement liquide conçus par Schneider Electric et consolidant des partenariats industriels en Allemagne, en Italie et aux Pays‑Bas.
La scène bondée de VivaTech, qui a atteint un record de 180 000 visiteurs en 2025, soit 15 000 de plus que l’édition précédente, a également servi à annoncer de nouvelles lignes de crédit de la Banque européenne d’investissement (BEI).
Mistral Compute : 18 000 GPU Blackwell au cœur de l’Île‑de‑France
Lorsque Jensen Huang a quitté la scène de VivaTech 2025, la une la plus commentée dans la presse française n’était pas la traditionnelle rivalité entre les géants de la tech, mais la confirmation que la plateforme souveraine Mistral Compute démarrera dès cette année en périphérie parisienne, dotée dès la phase initiale de 18 000 systèmes Grace‑Blackwell.
L’accord signé entre la start‑up Mistral AI et Nvidia prévoit un déploiement sur plusieurs sites d’ici 2026, offrant aux entreprises françaises, des PME aux laboratoires de recherche, un accès local à des calculs d’IA qui dépendent encore largement de serveurs outre‑Atlantique.
Selon Nvidia, l’objectif est d’accélérer le développement d’applications agentives et de fournir des moyens d’entraînement à grande échelle sans que les données sensibles quittent le territoire européen.
L’impact pour l’écosystème numérique français est immédiat, les plateformes de streaming, les studios de post‑production et les fintechs, qui exigent un rendu 3D et une personnalisation algorithmique, y voient déjà un changement de paradigme.
En associant calcul de pointe et un cloud 100 % hébergé dans l’UE, Mistral Compute donne corps au discours de souveraineté numérique porté par l’Élysée.
Partenariat Schneider Electric-Nvidia : énergie et refroidissement sur mesure pour l’IA
Pour rendre tous ces pétaflops durables, il faut s’attaquer à un autre goulet d’étranglement critique : la consommation d’énergie. C’est pourquoi Schneider Electric a scellé, en décembre 2024, un accord stratégique avec Nvidia pour livrer des architectures de centres de données capables de réduire d’environ 20 % la dépense énergétique liée au refroidissement.
Cette économie s’applique même à des baies concentrant jusqu’à 132 kW de GPU Blackwell. Après l’acquisition de l’américaine Motivair, le groupe assure qu’en parallèle de la baisse de consommation, le délai de conception des sites chute de 30 %.
La fiche technique de Schneider Electric décrit un circuit d’eau fermé à basse température qui capte jusqu’à 80 % de la chaleur à la source, puis la réinjecte dans le réseau de chauffage urbain, en phase avec l’objectif national de neutralité carbone.
Stratégiquement, le partenariat crée une chaîne d’approvisionnement « made in France » qui va du silicium jusqu’au dernier échangeur thermique. Schneider Electric alimente déjà des hubs d’IA à Marseille.
Défis d’infrastructure : énergie, régulation et financement

Un rapport de McKinsey montre que la consommation électrique des centres de données européens pourrait tripler d’ici 2030, passant de 62 TWh à plus de 150 TWh et exigeant un investissement de 250 à 300 milliards d’euros rien qu’en infrastructure physique.
Pour prévenir un choc tarifaire, le gouvernement français promeut des contrats d’approvisionnement renouvelable de long terme et la modernisation des postes électriques alimentant les nouveaux campus d’IA.
En partenariat avec Nvidia, l’entreprise a dévoilé en juillet des architectures de référence capables de prendre en charge des clusters de 132 kW par baie, promettant de réduire de 20 % la consommation énergétique du refroidissement et de raccourcir de 30 % le cycle de construction d’un centre de données.
Un modèle que le gouvernement veut répliquer dans les autres pôles d’usines d’IA prévus par le plan d’action pour un continent de l’IA édicté par la Commission européenne, qui vise au moins 13 sites d’ici 2026.
Horizon 2030 : un nouveau paradigme de souveraineté technologique
Si les objectifs de Bruxelles se concrétisent, la part européenne de capacité de calcul IA pourrait atteindre 10 % à 20 % d’ici 2030, réduisant la dépendance vis‑à‑vis des géants du cloud nord‑américains et chinois.
Le plan d’action continental, présenté en avril, réserve des budgets spécifiques pour un maillage de supercalculateurs à faible latence accessible aux PME et start‑ups, ainsi que des incitations à produire des semi‑conducteurs avancés en Europe.
Dans le même esprit, Emmanuel Macron a réaffirmé son ambition de doubler le budget national dédié à l’IA et de former 100 000 professionnels par an aux modèles génératifs et à l’architecture GPU, soulignant que la France ne peut rester tributaire des flux de données traversant l’Atlantique.
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Journaliste high-tech depuis 8 ans, Maxime est expert en actualités et en tendances du marché des logiciels et des applications.